Corps déchiré

Traces

Cette réalisation fait ressortir des rapports entre ombre et lumière, de figuration du corps, mais aussi de geste et de trace. Dans le registre de la représentation, elle donne à voir la notion de trace, prise au sens premier, mais aussi au sens métaphorique – empreinte ou marque laissée par quelqu’un ou quelque chose, rapport à la présence et à l’absence, rapport à la mémoire… sur le plan plastique, iconique et sémantique.

Du fait de tracer le geste et la matière, la trace apparaît plastiquement de façon littérale. Ensuite de façon plus sémantique, voire symbolique, elle s’inscrit dans le corps décharné. C’est alors qu’elle ressort sous forme iconique.

Ici le corps est abordé dans son sens purement charnel, riche d’expressions, intense. L’impression d’un corps qui raconte son histoire. Le souvenir visible est sous la peau. L’œuvre raconte, dessine le corps ou ce qui l’histoire immémoriale en dit. Un corps qui dit, gratte, caresse, démange, montre, brûle, comprend, absorbe, digère, désire, rêve, écoute. Le dessin sur la peau est le signe et le geste du corps.

Face au dessin d’observation, les réalisations libres permettent de libérer les sensations ancrées dans notre mémoire. Selon la célèbre expression de Paul Valéry, « Le peintre apporte son corps ». Nombreux sont les exemples de performance picturale :

– Les actionnistes viennois
– La peinture au fusil de Niki de Saint Phalle
– Les peintures gestuelles en public de Georges Mathieu
– Les pinceaux vivants d’Yves Klein
– Les actions du groupe japonais Gutaï
– Les drippings de Jackson Pollock…

« J’engage mon corps, pour la durée de mon existence, dans la poursuite de cette aventure extrême », Roman Opalka.

Problématiques abordées : Questionnement sur la figuration d’un corps déchiré.

Notions abordées :

– Impression de la chair déchirée
– Dessin, signe, geste sur le corps
– Le corps, la peau, trace de notre existence
– Le dessin raconte son histoire
– Le corps dit, gratte, se démange, mange, absorbe, digère, désire, rêve

Champ référentiel :
– Le corps pleinement charnel, viscéral, de Francis Bacon. Sa violence inhérente au vivant
– Le matiérisme et l’expressionnisme de Jean Dubuffet. Sa trituration de la matière, analogue du corps souffrant dans sa chair
– La pâte picturale de Willem De Kooning. Sa peinture comme lieu matriciel, germinal, marqué du sceau féminin
– Le corps à corps de Giacometti. Ses figures comme des ébauches, sa gestuelle de la griffe, de l’arrachage
– La question immémoriale chez Anselm Kiefer. Sa matière comme palimpseste inversé
– La logique de la sensation de Deleuze

SchoolStage de première année en arts plastiques, université Paris 1 Panthéon-SorbonneMaterialsGraphite, fusain, peinture acrylique et encresYear2016

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